Accueil A la une Décarbonation des exportations : Un pari à ne pas perdre

Décarbonation des exportations : Un pari à ne pas perdre

Mises devant le fait accompli, les entreprises tunisiennes, notamment celles qui exportent vers l’Europe, doivent urgemment engager une politique de verdissement des processus de production. Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, qui entrera en vigueur en janvier 2026, agit comme catalyseur de ce changement, imposant une mise à niveau environnementale. Selon Wiem Zarrouk, experte en climat des affaires et en accès aux marchés, la question du financement constitue un levier central de cette transition verte.

La Presse — Rencontrée en marge de la conférence de presse coorganisée récemment par la BH Bank, la BEI et l’Union européenne, sur le thème de la transition verte, Wiem Zarrouk, experte en climat des affaires et en accès aux marchés, a souligné dans une déclaration à La Presse que la transition écologique des entreprises tunisiennes, — notamment exportatrices, — n’est plus une option.

Il s’agit, selon elle, d’une démarche incontournable pour assurer la pérennité de leurs partenariats avec les acteurs économiques européens, dans un contexte de durcissement des normes environnementales. L’entrée en vigueur de la taxe carbone, connue sous l’appellation MACF (Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières), oblige, en effet, les entreprises tunisiennes qui commercent avec des opérateurs européens à se conformer aux nouvelles réglementations et à obtenir les certifications nécessaires.

Franchir le pas !

« L’Union européenne accapare 70 % de nos échanges commerciaux. Elle est notre premier partenaire stratégique clé. D’ailleurs, tous les secteurs exportent vers l’Union européenne. Aujourd’hui, même les entreprises qui ne sont pas encore prêtes pour ce changement doivent franchir le pas et engager une politique de verdissement », a-t-elle affirmé.

Zarrouk a rappelé que le MACF, qui constitue désormais une barrière environnementale à l’export, est déjà entré en vigueur depuis octobre 2023. Les entreprises concernées déclarent désormais les bilans carbone de leurs produits. À partir de janvier 2026, elles devront s’acquitter de la taxe carbone appliquée sur leurs exportations.

Revenant sur les raisons ayant conduit à l’instauration de cette taxe, l’experte a précisé que ce mécanisme s’inscrit dans le cadre du «Green Deal», à travers lequel l’Union européenne s’est engagée à réduire ses émissions de carbone de 55 % à l’horizon 2030.

La spécialiste a rappelé que cet objectif ne peut être atteint que si toutes les entreprises implantées en Europe parviennent à  réduire leurs émissions carbone. Une  obligation qui  concerne également celles qui sont installées en dehors de l’Europe.  

Le MACF a ainsi été introduit pour éviter la fuite ou la délocalisation des entreprises européennes vers des pays moins contraignants sur le plan écologique, et pour inciter les sociétés situées hors UE à améliorer leur empreinte carbone et à se conformer aux normes en vigueur. Zarrouk a souligné, dans ce même contexte, que les entreprises qui réussissent cette mise à niveau parviennent à rester compétitives et à éviter des surcoûts à l’export.

Un plan d’action en trois étapes

Alors, quelles démarches doivent suivre les entreprises tunisiennes désireuses de décarboner ? Selon Wiem Zarrouk, la première étape consiste à établir leur bilan carbone ainsi que celui de leurs produits. La seconde implique l’élaboration d’un plan d’action visant l’obtention de certifications et la mise à niveau environnementale, et ce, en recourant à  des cabinets de conseil spécialisés. Elle a également insisté sur un élément essentiel : la formation du personnel. 

Il s’agit d’une condition indispensable pour que les employés apprennent  à utiliser les nouveaux outils en place et soient au fait des nouveaux investissements engagés. Interrogée sur le niveau d’implication des entreprises tunisiennes dans ce processus de verdissement, Zarrouk a indiqué que les grands groupes ont déjà commencé à investir dans des projets de transition verte. Le principal obstacle reste, cependant, le financement, étant donné que  la décarbonation nécessite des investissements conséquents, notamment pour améliorer l’efficacité énergétique ou migrer vers les énergies propres. Elle a, en outre, précisé que des financements mobilisés par les bailleurs de fonds — tels que les lignes de crédit et de garantie mises en place par la BEI — permettent aujourd’hui d’accompagner les entreprises dans ce défi majeur.

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